retour sur « La » Distinction de Lilian Derruau à PROJAN

Parce que nous ne saurions pas mieux l’écrire, parce que son texte traduit avec talent tout ce que les spectateurs ( dont certains assistaient à leur première soirée théâtrale) ont ressenti pendant la représentation de « Ma Distinction » à PROJAN, le 8 octobre, nous partageons ici la critique rédigée dans son blog « les chronique de Jean Dessorty « par un auteur ruthénois après une représentation antérieure de Ma distinction, à Saint-Christophe Vallon (12).

Jugez en par vous même…

https://jeandessorty.wordpress.com/2022/10/16/a

« C’est un exercice éminemment difficile, à savoir parler de soi, se raconter, se confier à voix haute, entre timidité et impudeur, se dévoiler par petites touches y compris et peut-être surtout sans occulter ses failles, ses secrets, ses doutes, tout ce qui relève du plus intime… In fine, ouvrir son cœur pour qu’affleure son identité, son moi profond , presque comme s’allonger sur le divan d’un psychanalyste mais en version public…C’est cela et bien plus encore dont Wally, alias Lillian Derruau pour l’état civil, nourrit la trame de son récit- théâtre, intitulé «Ma distinction», son dernier spectacle en date proposé hier par Vallon de Cultures. On y retrouve la tendresse à fleur de peau et la délicatesse empreinte de sincérité qui le caractérise, l’humilité y fait écho à l’authenticité, les souvenirs de sa jeunesse à Viviez, milieu modeste et cité ouvrière dont il n’a rien oublié, ni les joies du quotidien, ni les moments plus douloureux. Il en tire une narration dans une langue simple, ancrée dans le réel, parsemée de trouvailles mais toujours vibrante d’ humanité. Nul ne saurait rester indifférent devant ces anecdotes, ces petits riens qui sont autant de petits cailloux, marqueurs infimes mais ô combien significatifs. Petit Poucet plein d’insouciance confronté déjà à ce que Pierre Bourdieu définira dans ses livres comme «le déterminisme social». Ce spectacle est ainsi ponctué à intervalles réguliers de mises en perspectives entre son vécu et des citations pertinentes de cet auteur, en plus du titre explicite, entre philosophie rigoureuse et analyse sociologique implacables, ce qui donne à cette soirée sa tonalité incroyablement originale autant que définitivement inoubliable. Tout est prétexte à dénoncer à juste titre l’inégalité flagrante, insidieuse mais si évidente entre deux mondes, deux univers quasi insolubles l’un à l’autre, «d’un côté les prolos, de l’autre les bourgeois» –en accentuant longuement la dernière syllabe sic- d’où un sentiment difficile à surmonter, un complexe d’illégitimité, celui d’imposture toujours diffus, teinté d’amertume autant que de soif de reconnaissance. Inégalité des chances dès l’école, des pratiques sportives, des loisirs, des lieux de vacances… et pour matérialiser cela, omniprésente en plein milieu de la scène, une échelle double, deux faces à gravir pour s’émanciper d’une destinée trop prévisible. Aucun doute, «la sociologie est un sport de combat» comme la sémantique ou l’urbanisme par exemple. De ces tranches de vie doucement effleurées devant nous, plus émouvantes les unes que les autres, on ressort vraiment bouleversé. Exemplaire et magnifique de bout en bout!« 

Merci messieurs !

Nous n’avons qu’une envie, celle de reprogrammer ce spectacle afin de le partager avec le plus grand nombre, gersois ou autres, habitués des théâtres ou découvrant cet art dans leur village !

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